Innovation & Startup : Didier Maurin redoute une nouvelle crise des subprimes
Depuis la crise des subprimes de 2007-2008, le monde fait face à des dettes colossales qui continuent de s’alourdir. L’augmentation actuelle des taux d’intérêt menace l’économie planétaire et suscite des craintes quant à l’arrivée d’une nouvelle crise financière des subprimes dès 2025, comme l’indique dans une tribune le conseiller en gestion du patrimoine Didier Maurin (DTC).
La crise des subprimes de 2007-2008, qui a vu de nombreuses entreprises et grandes banques (Lehman Brothers, Northern Rock…) faire faillite, a poussé les banques centrales à injecter des centaines de milliards dans le système bancaire pour éviter une catastrophe mondiale. Une tornade économique qui appartient au passé ? Rien n’est moins sûr selon Didier Maurin, qui a exprimé dans une tribune (Le Temps – mai 2023) ses craintes de voir arriver une nouvelle crise des subprimes d’ici deux ans.
Un monde qui croule sous les dettes
D’après le fondateur du cabinet DCT (ex Didier Maurin Finance – DMF), l’histoire semble aujourd’hui se répéter avec les récentes faillites de la Silicon Valley Bank (SVB) en Californie, de diverses banques régionales américaines, de la compagnie d’assurances vie italienne Eurovita et de Crédit Suisse.
Et ce n’est que le commencement, puisque la dette mondiale a atteint un niveau record de 300 000 milliards de dollars. Une somme gigantesque qui soulève de sérieuses inquiétudes. Comme si cela ne suffisait pas, une grande partie de cette dette est émise sous forme d’obligations et cotée en bourse. Résultat : quand les gouverneurs des banques centrales réhaussent les taux d’intérêt, les investisseurs deviennent inévitablement hésitants à racheter des titres émis à des taux plus bas.
Selon Didier Maurin, ce paradigme a conduit la SVB à la faillite puisque ses clients ont retiré 42 milliards de dollars en une seule journée, le 9 mars dernier, précipitant la vente d’une grande partie de son portefeuille d’obligations à perte. Les 1,8 milliard de dollars perdus ont eu raison de sa survie. Une faillite en 24 heures, il y a de quoi être très soucieux vis-à-vis de la situation économique et financière mondiale, et ce malgré les discours voulu rassurant des pouvoirs politiques.
Le bank run, une menace sérieuse pour Didier Maurin
Le dirigeant de DCT pointe un risque majeur : la peur, qui trouble le jugement et pousse à agir de façon irraisonnée. Ce sentiment aussi naturel que destructeur n’échappe pas au milieu bancaire.
« Comme pour la SVB, le risque d’un bank run [ndlr: d’une panique bancaire], comme le précisent les Anglo-Saxons, où sous l’effet de rumeurs fictives ou justifiées, de nombreuses personnes se précipitent dans leur banque pour récupérer leur argent. Exception faite que comme dans le cas des subprimes de 2007, l’échelle ici sera internationale », précise Didier Maurin.
Le « quantitative easing », pratique consistant pour les banques centrales à imprimer des milliards de papier-monnaie), a pour le moment entraîné de l’inflation et quelques dévaluations, en particulier en réponse à la pandémie de Covid-19.
Toutefois, avec la remontée des taux d’intérêt pour prétendument combattre l’inflation, l’énorme dette mondiale cumulée de 300 000 milliards de dollars pourrait avoir un impact catastrophique si une panique populaire se déclenche, entraînant un effet domino d’une ampleur internationale.
Qui dit crise économique, dit crise sociale
D’après Didier Maurin, les conséquences d’une nouvelle crise des subprimes pourraient être dévastatrices, en particulier dans des pays déjà fragilisés par des tensions sociales, une industrie en déclin et une dette élevée, comme la France. Cette crise risquerait aussi de provoquer une perte de pouvoir d’achat de 30% en raison des hausses des prix dans les supermarchés et exacerber les tensions politiques déjà présentes.
« Alors que dans l’Hexagone, le traditionnel débat « droite-gauche » a d’ores et déjà été remplacé par une confrontation « extrême droite – extrême gauche », le climat politique deviendra encore plus violent, risquant même de déraper en grave conflit social », alarme Didier Maurin.
Tirer les leçons de l’histoire
Au vu du contexte tendu, Didier Maurin souligne qu’il est toujours risqué de dégrader les conditions économiques du monde. Il rappelle également aux pays la dangerosité liée à leur endettement excessif. Il faudra un jour ou l’autre régler l’ardoise.
« Tout a un prix, que ce soit celui de la productivité ou celui de la dette cotée en bourse. Par ailleurs, lorsque les hommes se rendent soudainement compte que le verre qu’ils voyaient jusqu’alors à moitié plein est en réalité à moitié vide, la situation économique mondiale change très vite parce que la perception des choses change », explique le gestionnaire.
Il est donc essentiel de tirer pour Didier Maurin des leçons de l’histoire pour éviter de répéter les mêmes erreurs. Les gouvernements et les institutions financières doivent réduire leur dépendance à l’endettement et favoriser une gestion prudente des taux d’intérêt. Il est également crucial que les investisseurs fassent preuve de discernement dans leurs choix financiers et évitent de céder à la panique.
Dans un monde surendetté, le moindre signe de panique peut avoir des conséquences dévastatrices. Il est donc primordial de faire preuve de prudence, de vigilance et de responsabilité dans la gestion de l’économie mondiale. Il est temps d’agir collectivement pour prévenir une nouvelle crise des subprimes et protéger l’avenir économique de la planète.